Pranayama : l’art du souffle conscient – La Pratique

Une des branches fondamentales du Yoga est le pranayama. Pranayama signifie « maîtrise du souffle » (Prana : énergie de vie ; Yama : maîtrise, régulation).

Pranayama est la discipline du souffle et de la respiration au travers de la connaissance et du contrôle du prana, énergie vitale universelle.  Le prana circule dans l’organisme par un réseau de 72’000 canaux subtils, les Nadis. Les trois nadis  principaux sont : Ida (relié à la narine gauche), Pingala (relié à la narine droite) et Sushumna (canal central).

Les perturbations du souffle sont souvent représentatives des perturbations du mental.  En effet, trop souvent oublié sur l’autel de l’égo et du mental, le souffle conscient et maîtrisé a pourtant des répercussions prouvées et indéniablement positives tant sur le corps physique que psychique. Dans cette dynamique d’Union entre le corps et l’esprit propre au Yoga, de nombreuses techniques sont proposées pouvant répondre de manière préventive et parfois thérapeutique à de nombreuses pathologies et maux que l’on rencontre dans nos vies quotidiennes (fatigue, stress, manque de tonus, troubles digestifs, douleurs dorsales, faiblesse du système immunitaire, difficultés émotionnelles, difficultés à se maîtriser sur le plan nerveux,…).

Dans le Hatha Yoga, les techniques de pranayama sont employées pour diriger le mouvement des énergies subtiles dans le corps, ce qui va générer une augmentation de vitalité chez le pratiquant. En effet, au-delà du souffle, pratiquées régulièrement, les techniques de pranayama régulent les énergies dans tout le corps, développent et cultivent la conscience de Soi, l’instant présent, permettent de maîtriser le mental en se concentrant sur ses propres sensations. Elles sont aussi un outil extraordinairement efficace pour maîtriser les émotions.

Les bienfaits d’une pratique constante et bien accompagnée du pranayama sont nombreux :

  • Couplé à la pratique posturale (asanas),  la cage thoracique gagne en expansion et en élasticité, les postures prennent une autre dimension (physique et mentale)
  • Amélioration des capacités respiratoires en allongeant le souffle
  • Purification du système nerveux et augmentation du flux de prana dans l’organisme (fixation de l’énergie contenue dans  l’air)
  • Régénération cellulaire (oxygénation des cellules particulièrement le cerveau)
  • Permet une perception puis une prise de conscience des tensions corporelles
  • Calme le mental (oriente et équilibre les énergies psychiques)
  • Libère les émotions (meilleur équilibre entre les émotions, le corps, les pensées)
  • Favorise le discernement, la clarté mentale
  • Equilibre des deux hémisphères cérébraux  …

Les techniques de pranayama ont des effets très intenses, tant sur les plans mental, émotionnel, spirituel que physique. Il est donc important de ne pas aller trop vite, de respecter les paliers d’apprentissage et de bien s’observer dans l’instant présent dans la pratique. Par exemple une simple rétention poumons vides (Bahir Kumbhaka), peut instantanément générer une intense gêne émotionnelle, le sentiment d’étouffer, … de mourir. La pratique progressive de cette rétention et l’allongement de l’expiration peuvent aider le pratiquant à dénaturer cette peur « du vide », et à lâcher-prise sur des angoisses souvent inconscientes.

En effet, la conscience du souffle ou du Prana permet de ramener l’attention dans l’Instant présent, d’accompagner soit le mouvement extérieur (dans les postures), soit le mouvement intérieur (visualisation des conduits d’énergie, observation des mouvements subtils intérieurs) et de facto de ralentir les vagues du mental.

Il ne s’agit pas seulement de respirer profondément, mais d’intégrer des techniques composées d’une suite d’inspirations (puraka), d’expirations (rechaka) et de rétentions du souffle (kumbhaka). L’inspiration stimule l’organisme, l’expiration élimine l’air vicié avec ses énergies associées, aussi bien que les toxines, et les rétentions distribuent l’énergie dans le corps entier.

Dans une pratique continue et juste, ce n’est plus la respiration qui tente de s’adapter au mouvement ou au corps. Le mental « lâche prise », et le corps « reprend sa place » et se calque sur la respiration qui lui convient. Le mouvement se drappe dans le souffle. L’abandon naît dans le souffle.

Dans l’arbre des angas (des branches qui constituent le Hatha Yoga), ce n’est évidemment pas un hasard si le pranayama se situe juste avant le retrait des sens  (pratyahara) et les étapes de concentration (dharana) et de méditation (dhyana). Le pranayama prédispose (dans l’action, dans le « faire ») à cet état de conscience propice au retrait des sens, puis  à la méditation, état dans lequel il n’y a définitivement rien à faire, mais juste à Etre dans l’Instant présent.

D’un point de vue symbolique et plus spirituel, pranayama fait le lien entre le physique, le mental et le spirituel, par une multitude de « petites morts » et de « petites naissances » incarnées à chaque inspiration et chaque expiration. …Le premier souffle de vie à la naissance, et nous nous éteignons dans un dernier souffle d’expiration. Toute notre vie est rythmée par  cette conscience, ce rappel, que nous sommes nés, mais que nous allons aussi nous éteindre. Comme un cadeau, pour nous rappeler d’être dans la Joie de l’Instant présent tel qu’il Est.

Le souffle nous ramène toujours à l’Instant présent, il est le rappel que nous sommes fragiles et vivants, mais aussi mortels et capables d’infinités dans l’abandon et le lâcher-prise lorsqu’on sait faire confiance au-delà du champ de conscience et d’attention physique.